Elles se sont emparées du podium au bac : Les filles imposent leur suprématie

Le podium aux filles, qui viennent une nouvelle fois d’imposer leur suprématie au baccalauréat. C’est loin de constituer une surprise. Bien au contraire, il s’agit d’une tendance, qui se confirme d’année en année ; et cela depuis la fin des années 1980. Ce succès n’a pas manqué d’enflammer Facebook avec des centaines de commentaires discriminatoires à l’égard des filles. Pour de nombreux internautes, dont la plupart se sont exprimés avec un langage irrespectueux, imprégné d’un conservatisme social aux antipodes d’une évolution universelle, la cause principale de la réussite des filles et le recalage d’un grand nombre de garçons trouve son origine dans la mixité. Pour « rectifier » (sic) la situation selon eux, ils prônent la séparation des sexes au lycée. Rien que ça ! Il est à rappeler que les appels à la fin de la mixité ne datent pas d’hier. Ce phénomène récurrent a toujours accompagné la montée de certaines idées « commercialisées » par le courant salafiste, certes en perte de vitesse, mais qui reste actif dans certains milieux. D’autres internautes se sont longuement félicités parce que la lauréate nationale porte le hijab ; avant que les autres commentaires ne versent carrément dans un faux discours religieux prônant la supériorité du sexe masculin sur le sexe féminin. Cette manifestation ostentatoire, qui n’a rien à voir avec la foi, est en train d’occuper des espaces insoupçonnables. Tous ces avis déconnectés de la réalité ont oublié un fait : le succès des filles est le résultat d’un parcours studieux, d’une présence mentale et d’une concentration, qui ont fait défaut à de nombreux garçons. L’année dernière, lorsque le ministère de l’Education nationale avait annoncé que les filles représentaient 60% des candidats au bac, le sociologue Nacer Djabi avait bien dit dans une interview que « l’école est une stratégie individuelle et collective des filles », expliquant qu’il s’agit de la traduction d’une évolution sociétale dont l’impact est aujourd’hui plus qu’apparent. Les filles dominent, il s’agit d’une réalité que personne ne peut nier. C’est une révolution féminine silencieuse, qui va durer dans le temps. A titre d’exemple, en 2004, elles ont représenté 65% des candidats au baccalauréat. Par extension, ce sont encore les filles qui dominent à l’université. Les chiffres officiels le prouvent. Et certains aspects de ce « phénomène » existent depuis le début des années 1980 ! De nombreux rapports établis par des institutions de l’Etat confirment une tendance favorable aux filles. En effet, le baccalauréat n’est qu’un aspect d’une réalité fondamentale. Dans un rapport du CNES (actuel CNESE), il est indiqué que « l’effectif des étudiantes a été multiplié par plus de 4 de 1990 à 2003, soit un accroissement annuel moyen de 12,07 %, deux fois celui des garçons ». Il n’y a aucun doute désormais. Les filles poursuivent leur domination lentement mais sûrement. Parallèlement, c’est leur statut social qui en train d’évoluer grâce à l’enseignement et l’éducation.

Mohamed Mebarki

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