La mémoire comme arme : l’APS dévoile les coulisses de l’offensive française

La dépêche publiée par Algérie Presse Service (APS) ce lundi 7 juillet, intitulé «La bave bollorienne ne ternira jamais la blancheur d’Alger», transcende largement le simple commentaire sur l’affaire de l’écrivain Boualem Sansal. Il s’agit d’une déflagration rhétorique, d’une violence assumée, qui positionne l’Algérie dans un rapport de force frontal avec une certaine France, qui […]

Juil 8, 2025 - 01:01
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La mémoire comme arme : l’APS dévoile les coulisses de l’offensive française

La dépêche publiée par Algérie Presse Service (APS) ce lundi 7 juillet, intitulé «La bave bollorienne ne ternira jamais la blancheur d’Alger», transcende largement le simple commentaire sur l’affaire de l’écrivain Boualem Sansal. Il s’agit d’une déflagration rhétorique, d’une violence assumée, qui positionne l’Algérie dans un rapport de force frontal avec une certaine France, qui n’hésite pas à raviver les braises d’un passé colonial pour des raisons éminemment politiques et internes.

Boualem Sansal, un alibi dans une stratégie de pression  

D’emblée, l’APS vide l’affaire Sansal de sa substance individuelle pour en faire un « alibi idéal » et un « prétexte ». Loin d’être une simple question judiciaire ou humanitaire, le sort de l’écrivain est présenté comme l’instrument d’une « nouvelle campagne de haine et de désinformation contre l’Algérie ». Cette offensive, selon l’agence officielle, n’est pas le fait du hasard mais l’œuvre d’une « meute médiatique française, inféodée aux réseaux Bolloré », et d’une « extrême droite française revancharde » qui n’a « jamais digéré l’indépendance de l’Algérie ».

L’analyse de l’APS est claire : la France ne s’intéresse pas réellement au sort de Boualem Sansal, mais cherche à « faire plier » l’Algérie par un « chantage diplomatique à peine déguisé ». L’argument est implacable : si la France s’inquiétait réellement de la situation de ses ressortissants à l’étranger, pourquoi ne « hurle-t-elle jamais au « drame national » pour les plus de 2200 Français détenus ailleurs dans le monde ?» Cette comparaison vise à démasquer une hypocrisie perçue et à ramener l’affaire Sansal à ce qu’elle est : une tentative d’ingérence délibérée et sélective.

 La Souveraineté Algérienne, Ligne Rouge Infranchissable

Le cœur du message de l’APS est un cri de défense de la souveraineté nationale. Boualem Sansal est un « citoyenalgérien de naissance », jugé « sur son sol et selon ses lois » pour un « délit relevant de l’ordre interne, lié à l’unité nationale ». Le texte martèle que c’est une « ligne rouge pour tout Etat digne de ce nom ». Toute pression extérieure est donc non seulement illégitime, mais perçue comme une agression contre le fondement même de l’État algérien.

La posture française est explicitement qualifiée de « néocoloniale assumée ». L’APS dénonce une partie de la classe politique française qui, en « mal de repères », « persiste à conditionner les relations bilatérales à son niveau d’ingérence ». Cela positionne le différend non pas comme un simple incident diplomatique, mais comme une confrontation entre deux visions du monde et des relations internationales : d’un côté, une Algérie jalouse de son indépendance chèrement acquise ; de l’autre, une France qui  s’accrocher à des réflexes d’ancienne puissance coloniale.

L’analyse de l’APS ne se contente pas de critiquer la « posture néocoloniale » ; elle attribue à cette offensive française une finalité stratégique cynique. Raviver « l’algérophobie », agiter le spectre de « l’Algérie ingouvernable », recycler la nostalgie de « l’Algérie française », ressusciter « l’OAS » à travers des tribunes et plateaux TV – tout cela constituerait une « stratégie bien préparée » visant à « détourner l’attention des véritables crises que connait l’hexagone ».

Fracture sociale, violences policières, intégration « en panne » : l’Algérie et son peuple est , une fois de plus, réduits à un « chiffon rouge favori », un « ennemi algérien » commode, pour « fournir un dérivatif commode aux crises bien réelles ».

La virulence du ton, illustrée par la citation des propos de Pascal Bruckner qualifié de « pitre » et ses appels au « kidnapping de diplomates algériens » ou à qualifier tout un peuple de « décervelé », vise à illustrer l’ampleur et la dangerosité, selon l’APS, du discours de haine véhiculé en France.

Une Réponse Défiante et Implacable

Face à cette offensive perçue, la réponse de l’Algérie, telle que formulée par l’APS, est une déclaration de fermeté inébranlable. « Qu’ils aboient donc », lance le texte, affirmant que « L’Algérie, elle, reste debout, fidèle à ses principes et jalouse de sa souveraineté ». L’affaire Sansal est résolument une « affaire algéro-algérienne », sur laquelle les « oukases parisiens n’y changeront rien ». La métaphore finale, « même la bave bollorienne la plus concentrée ne ternira jamais la blancheur d’Alger », est d’une agressivité rare, dénuée de toute nuance diplomatique, signifiant un rejet total et méprisant des critiques françaises.

Le texte conclut sur un rappel historique cinglant : « L’Histoire, la vraie, a déjà tranché : le temps des maîtres et des valets est révolu ». C’est là un avertissement sans frais à ceux qui, en France, s’obstineraient à vouloir réimposer une forme de tutelle ou à instrumentaliser les relations bilatérales.

Il est clair que ce commentaire de l’APS n’est pas un simple coup de griffe ; c’est une analyse politique virulente et stratégique qui utilise l’affaire Boualem Sansal comme révélateur des tensions profondes et persistantes entre Alger et une partie de l’élite française. Il dépeint une Algérie se dressant avec fierté face à ce qu’elle considère comme des tentatives néocoloniales d’ingérence, alimentées par des relents racistes et une instrumentalisation des crises internes françaises. En adoptant un ton aussi tranchant et sans concession, Alger envoie un message clair : la souveraineté n’est pas négociable et les « leçons » parisiennes sont rejetées.