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Bruno Retailleau avait révélé ses ambitions présentielles, notamment en déclarant penser à se présenter au congrès des Républicains en 2021 qui devait déterminer le candidat de droite pour la présidentielle de 2022. Mais suite aux premiers sondages et à ses petits résultats, il avait rapidement renoncé. Aujourd’hui toutefois, face à sa nouvelle popularité, il reconsidère […]
Bruno Retailleau avait révélé ses ambitions présentielles, notamment en déclarant penser à se présenter au congrès des Républicains en 2021 qui devait déterminer le candidat de droite pour la présidentielle de 2022. Mais suite aux premiers sondages et à ses petits résultats, il avait rapidement renoncé. Aujourd’hui toutefois, face à sa nouvelle popularité, il reconsidère sa place au sein de son parti et semble estimer être désormais légitime pour briguer la présidence des Républicains en prenant le risque de s’opposer à Laurent Wauquiez, considéré comme le chef de file des LR depuis le départ en catastrophe d’Éric Ciotti l’été dernier. Porté par les sondages où il a bondi depuis son arrivée à Beauvau en septembre, le ministre a choisi d’annoncer sa candidature dans un courrier adressé aux militants qui devraient être appelés à élire le nouveau président de LR lors d’un congrès ce printemps. «Aujourd’hui, je veux faire pour mon parti ce que je fais à la tête de mon ministère : parler vrai et agir vite», écrit-il dans ce message. Retailleau se lance ainsi dans l’arène avant un bureau politique crucial prévu lundi pour fixer la date du congrès. Et prend également le risque de déclencher une «guerre des chefs dévastatrice à droite». Laurent Wauquiez l’avait prévenu lors d’un dîner en tête-à-tête il y a une semaine à Beauvau, où le patron des députés LR lui avait rappelé un «accord» entre les deux hommes sur la distribution des rôles. «A toi d’incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique», l’avait mis en garde le patron des députés LR qui envisage également de se lancer dans la course pour 2027, avec l’intention lui aussi d’utiliser la présidence du parti de droite comme tremplin pour la présidentielle. Hier, l’entourage de Laurent Wauquiez a répété à la presse que Bruno Retailleau prenait la «lourde responsabilité d’ouvrir une guerre des chefs». Dans son courrier, le ministre tente de rassurer : «Je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures dans notre parti», écrit-il, ajoutant qu’il ne «se prêterait pas au jeu des petites phrases». «Voter ce n’est pas diviser», a-t-il renchéri sur France Inter, estimant que sa candidature à la tête de LR, il y a un peu plus de deux ans contre Éric Ciotti, n’avait pas provoqué de guerre des chefs. Il avait alors obtenu 46,3 % des voix face au député des Alpes-Maritimes, qui a quitté ses fonctions à la tête du parti après avoir fait alliance en juin avec le Rassemblement National aux législatives, laissant le poste vacant depuis bientôt neuf mois. Fort de sa popularité, M. Retailleau a reçu récemment le soutien de plusieurs personnalités de droite. L’ex-Chef du gouvernement Michel Barnier l’a qualifié de «grand ministre», le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand soutient sa candidature, Louis Sarkozy, le fils de l’ancien président, le présente comme la «seule lumière» qui soit apparue dans «la triste séquence» de la dissolution. Pour le défendre, Xavier Bertrand a écarté toute «contradiction» entre la présidence de LR et les fonctions de ministre de l’Intérieur, prenant l’exemple de Nicolas Sarkozy qui a conquis l’Élysée en 2007 en occupant ces deux postes. Le président des Hauts-de-France, qui s’est déjà déclaré candidat à la présidentielle, a toutefois réfuté le «caractère automatique» entre la présidence de LR et la course à l’Élysée. Dans son courrier aux militants, Bruno Retailleau appelle à «agir vite», estimant qu’«une nouvelle dissolution est possible et qu’il nous faut rapidement nous mettre en ordre de bataille». Il est également naturel que les décisions concernant la prochaine présidentielle prennent en compte les popularités des aspirants au poste suprême. Et s’il est vrai que Wauquiez semblait être le candidat favori jusqu’à il y a quelques mois, il est difficile aujourd’hui d’ignorer la popularité florissante de Retailleau. Il reste cependant encore quelques années avant la course à l’Élysée et la situation politique peut également drastiquement changer. Si Retailleau demeure à son poste et garde les faveurs des Français, il sera difficile pour Wauquiez d’exiger sa mise au ban pour la présidentielle, surtout si entre-temps les militants LR le désigne à la tête de leur parti.
F. M.