Hammam Debagh (Guelma): Le lac souterrain de Bir Ben Osman, entre mystère et émerveillement

Il arrive parfois que le voyage nous mène au cœur d’un lieu insoupçonné, où la nature semble avoir décidé de dissimuler ses merveilles sous la surface du monde visible. C’est ce que nous avons vécu à Hammam Debagh, dans la wilaya de Guelma, en découvrant l’un des secrets les mieux gardés du nord-est algérien : […]

Juil 22, 2025 - 01:20
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Hammam Debagh (Guelma): Le lac souterrain de Bir Ben Osman, entre mystère et émerveillement

Il arrive parfois que le voyage nous mène au cœur d’un lieu insoupçonné, où la nature semble avoir décidé de dissimuler ses merveilles sous la surface du monde visible. C’est ce que nous avons vécu à Hammam Debagh, dans la wilaya de Guelma, en découvrant l’un des secrets les mieux gardés du nord-est algérien : le lac souterrain de Bir Ben Osman.

À quelques kilomètres seulement des célèbres cascades et hammams naturels de Hammam Debagh, haut lieu du thermalisme algérien, se trouve une curiosité géologique fascinante, dissimulée sous la terre depuis plus d’un siècle. Formé en 1878 à la suite d’un affaissement causé par un tremblement de terre, le lac de Bir Ben Osman repose paisiblement sous un écrin de verdure. Ses dimensions impressionnent : une centaine de mètres de long, quarante de large et près de quinze mètres de profondeur, le tout enfoui sous une épaisse couche rocheuse que seuls les plus curieux osent franchir.
Pour y accéder, il faut emprunter un sentier discret serpentant entre champs d’oliviers et cultures de blé, jusqu’à atteindre une petite ouverture dans la roche. Après une descente glissante de cinq mètres, rendue périlleuse par l’humidité constante, le visiteur découvre un monde parallèle. Une vaste cavité silencieuse, plongée dans l’obscurité, que seule la lumière rasante du soleil couchant parvient parfois à effleurer. Là, dans ce calme absolu, se déploie le lac souterrain, d’un bleu dense et mystérieux, comme une nappe d’eau oubliée du temps.
Autour de ce lieu planent de nombreuses légendes populaires. Les anciens parlent de créatures fantastiques vivant dans les profondeurs, d’une grotte qui
s’étendrait sur des kilomètres pour rejoindre la mer, quelque part du côté de Skikda. Ce folklore tenace alimente l’aura énigmatique du site, sans jamais décourager les curieux ni freiner l’enthousiasme des visiteurs. Chaque semaine, des familles entières, des étudiants et des groupes de touristes s’y rendent, souvent après de longues recherches, tant le site est mal indiqué et encore largement méconnu. Et pourtant, malgré son potentiel touristique et scientifique évident, Bir Ben Osman reste aujourd’hui encore en marge des circuits classiques. L’endroit conserve donc sa beauté brute, non domestiquée, offrant aux visiteurs une expérience sensorielle rare, entre silence, fraîcheur et vertige de l’inconnu.
C’est peut-être cela, au fond, qui fait la magie de Bir Ben Osman. Ce lac ne se donne qu’à ceux qui le cherchent, il ne se dévoile qu’à ceux qui acceptent de s’enfoncer dans la roche, de descendre vers l’obscurité pour mieux remonter vers la lumière. Et dans un monde saturé d’images et de destinations balisées, un lieu qui garde son mystère est un trésor inestimable.Hafit Zaouche