La tournée de Trump n’a donné lieu à aucune accalmie
La situation à Ghaza, dont on pouvait penser qu’elle serait au premier plan des discussions de Donald Trump avec ses hôtes saoudiens ce mardi, a en réalité été à peine abordée, si du moins on en juge par le peu de place qu’elle a occupée dans le long discours du président américain en clôture de […]

La situation à Ghaza, dont on pouvait penser qu’elle serait au premier plan des discussions de Donald Trump avec ses hôtes saoudiens ce mardi, a en réalité été à peine abordée, si du moins on en juge par le peu de place qu’elle a occupée dans le long discours du président américain en clôture de la conférence sur les investissements saoudiens dans l’économie américaine se montant à des centaines de milliards de dollars. Trump n’a prononcé qu’une seule fois le nom de Ghaza, et c’était pour dire que ses habitants méritaient un meilleur sort, sans plus de précision, on dirait pour faire le plus court et le plus allusif possible. Cela ne l’a pas empêché d’ajouter que la cause première de ces malheurs, l’attaque du 7 octobre, ne se serait pas produite sous un autre président que Joe Biden, que toutefois il n’a pas nommé. Plus rien d’autre sur un sujet qui pourtant occupe les esprits, et d’abord pour l’horreur qu’il comporte, qu’aucun autre mot autre que celui de génocide ne rend plus justement.
Mais si Trump a reçu à Riyad beaucoup de cadeaux, et sans doute n’est-ce pas fini, d’autres l’attendent d’ici à ce qu’il ne termine sa tournée, force est de reconnaître que de son côté il en a fait un à ses hôtes du Golfe, dont on se demande si à leurs yeux il n’est pas celui dont le prix est le plus grand : la levée des sanctions économiques contre la Syrie. Tout ce qu’on a pu penser à la veille du voyage de Trump dans le Golfe, en rapport avec le génocide en cours à Ghaza, s’est révélé une pure vue de l’esprit. A cet égard, on ferait mieux de tourner dès à présent cette page, dans la certitude qu’elle ne comporterait rien qui soit à rebours des crimes sionistes en train de se commettre contre la population civile palestinienne. Quand Trump dit que celle-ci mérite mieux, le plus probable est qu’il veuille dire est qu’elle a plus que jamais un intérêt vital à abandonner son pays, que la vie y est et restera pour elle impossible. Le cadeau du Hamas à Trump, la libération du dernier prisonnier américain encore vivant, ne s’est pas traduit par une accalmie dans le massacre de la population civile, mais par son redoublement. C’est qu’il s’agit pour Israël, avec la compréhension des Etats-Unis, de se saisir de l’occasion pour marteler un message, suivant lequel la guerre entre bien dans sa phase la plus implacable, celle qui doit mener à l’élimination de toute résistance palestinienne. Si même à Trump Israël ne fait pas de cadeau, par exemple en tuant moins de Palestiniens alors qu’il se trouve dans les parages, pourquoi en ferait-il aux Etats ennemis de la région ? Les Américains craignaient avant le voyage que les Israéliens commettent quelque abomination pour scander la présence de leur président dans la région. Ils ne le craignent plus maintenant, comme s’ils avaient acquis la certitude que cet affront en définitive leur serait épargné. Des crimes Israël en commettrait sans doute, mais pas d’une dimension sortant par trop de l’ordinaire. Pour Netanyahou, il ne s’agit d’ailleurs pas seulement de désespérer les Palestiniens mais également les familles des otages et toute la partie de l’opinion israélienne qui les soutiennent. Si la venue de Trump dans la région n’a apporté aucune accalmie, lui qui pourtant affirme n’aimer ni la guerre ni les tueries, c’est qu’il n’y a aucune clémence à attendre de la part de ceux qui en Israël sont des partisans des deux.