Échanges interafricains : Entre volonté politique et réalité amère
L’Algérie abrite jusqu’au 10 du mois de septembre la quatrième édition de la foire commerciale interafricaine. L’occasion pour les opérateurs économiques et les décideurs du continent de faire un bilan d’étape sur la situation du commerce entre les pays africains et de se rendre à l’évidence : les échanges entre Africains sont très bas, voire […] The post Échanges interafricains : Entre volonté politique et réalité amère first appeared on L'Est Républicain.

L’Algérie abrite jusqu’au 10 du mois de septembre la quatrième édition de la foire commerciale interafricaine. L’occasion pour les opérateurs économiques et les décideurs du continent de faire un bilan d’étape sur la situation du commerce entre les pays africains et de se rendre à l’évidence : les échanges entre Africains sont très bas, voire dérisoires. Dans son allocution d’ouverture, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a fait un constat amer : la part de l’Afrique dans le commerce mondial ne dépasse pas 3%, ce qui est négligeable quand on sait que le continent recèle 30% des ressources naturelles de la planète et constitue un marché de consommation prometteur. L’Afrique n’est pas mieux lotie concernant les investissements étrangers, avec seulement 94 milliards de dollars, soit 6% du total des flux. Il a aussi souligné que le commerce intra-africain ne représente que 15% de l’ensemble du commerce du continent, alors que 60% du commerce de l’Europe est intra-européen. Selon un nouveau rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), sur l’état de l’intégration régionale en Afrique, la part de l’Afrique dans le commerce mondial est restée inférieure à 3 pour cent, en grande partie tirée par le commerce des marchandises, un indicateur que les pays africains continuent de commercer davantage avec le reste du monde qu’entre eux. Cela est d’abord lié à la marginalisation de l’Afrique dans la décision économique mondiale avec, par exemple, seulement 6,5% de droit de vote au Fonds monétaire International (FMI) et 11% à la Banque mondiale (BM). A cela s’ajoute sans doute la présence de Multinationales qui ont pris des monopoles dans des économies africaines, exportant leurs productions dans d’autres régions du monde, empêchant ainsi toute possibilité d’échanges entre pays de la région. Mais c’est aussi lié à d’autres facteurs endogènes. A commencer par la situation politique de certains pays d’Afrique qui ne sont pas des champions dans la bonne gouvernance et la transparence. « Le nombre croissant de changements anticonstitutionnels de gouvernement met en évidence les défis persistants qui affligent les pays africains, notamment la faible gouvernance, la pauvreté persistante et les opportunités d’emploi limitées », a déclaré en mars dernier dans ce sens Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA, la Commission économique pour l’Afrique, ajoutant que le deuxième plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063, le schéma et le plan directeur de l’Afrique visant à transformer l’Afrique en puissance mondiale de l’avenir, devra répondre à ces défis directement. Autre raison : s’il est vrai que la faiblesse des économies du continent noir ne permet pas vraiment d’absorber les matières premières produites sur place (c’est le cas des hydrocarbures, mais aussi d’autres minerais) les conflits politiques, diplomatiques entre certains pays africains empêchent toute coopération commerciale interafricaine. Il n’y a qu’à voire la guerre quasi-permanente dans la région des Grands-Lacs ou les guerres civiles que connaissent des pays comme la Libye, le Soudan et les pays du Sahel pour se rendre compte que l’augmentation des échanges commerciaux n’est pas forcément la priorité des Etats africains. A cela s’ajoute évidemment l’insécurité qui règne dans les voies de communication et de commerce sur le continent à cause soit de la présence de groupes terroristes soit des conflits armés. Et tant que cette situation demeure, les échanges interafricains ne pourront pas s’améliorer.
Akli Ouali
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